La France examine aujourd’hui le rôle possible de l’hydrogène pour décarboner l’industrie lourde et les transports. Les annonces publiques ont mis en avant un fort soutien financier pour porter la filière et renouveler les capacités nationales.
Les constats actuels poussent à prioriser des mesures claires et des engagements industriels avant tout développement massif. Ces éléments conduisent naturellement à un résumé factuel des enjeux et priorités.
A retenir :
- Production d’hydrogène majoritairement grise en France malgré les annonces
- Nécessité d’électrolyse à bas coût et contrats long terme garantis
- Allemagne en avance sur réseau et importations planifiées à grande échelle
- Applications industrielles prioritaires acier, chimie, transports lourds et usages publics
Après ces constats, la production française reste largement grise et éloignée des besoins industriels
Production et filières d’hydrogène en France
La production nationale dépend encore fortement d’énergies fossiles et du reformage du gaz pour générer l’hydrogène. Selon France Hydrogène, environ 95% de l’hydrogène produit en France provient aujourd’hui de procédés fossiles.
Seules des capacités électriques de faible ampleur ont été déployées, avec environ 30 MW d’électrolyse opérationnels actuellement. Selon RTE, cet écart entre projet et production explique la révision des objectifs 2030.
Acteurs clés du secteur :
- Air Liquide
- Engie
- TotalEnergies
- McPhy Energy
Indicateur
France
Allemagne
Commentaires
Part d’hydrogène gris
Très élevée, environ 95%
Réduction progressive via électrolyse et imports
Source nationale majoritairement fossile
Capacité électrolyse actuelle
~30 MW installés
Projets nombreux et plus avancés
Capacité planifiée bien supérieure en Allemagne
Objectifs 2030 (électrolyse)
Cible révisée à ~300 MWh
Ambitions industrielles alignées sur neutralité carbone
Révision française des cibles en 2024
Réseau de transport
~500 km de conduite existants
Projet d’environ 9 000 km
Différentiel majeur d’infrastructures
« J’ai monté un projet pilote d’électrolyse dans le sud et nous avons cherché des contrats d’électricité sur quinze ans. »
Luc N.
En conséquence, la compétitivité dépend largement du prix de l’électricité et des contrats long terme
Modèles économiques et prix de l’électricité
La part du coût liée à l’électricité est décisive pour rendre l’hydrogène vert compétitif face aux importations. Selon Philippe Boucly, le prix cible de l’électricité pour l’électrolyse doit être proche de soixante-dix euros par mégawattheure.
Pour atteindre des prix compétitifs, il faudra des contrats d’achat à long terme garantissant des tarifs stables. Selon France Hydrogène, la visibilité tarifaire sur quinze ans facilite l’engagement des financeurs et industriels.
Barrières économiques :
- Coût élevé de l’électricité sans contrats indexés
- Investissement initial lourd pour électrolyseurs et stockage
- Incitation insuffisante pour demande industrielle massive
- Concurrence internationale sur prix et capacités d’import
Exemples industriels et projets :
Projet
Localisation
Stade
Objectif
GravitHy
Fos-sur-Mer
Déploiement industriel
Acier bas carbone
Écosystèmes locaux
Multiples territoires
Études et pilotes
Développement territorial
Projets électrolyse
France entière
250 projets annoncés
Capacité planifiée 10 500 MWh
Installations opérationnelles
Sites pilotes
Très limité
30 MW installés aujourd’hui
« Nous travaillons avec McPhy Energy et Air Liquide pour dimensionner l’installation et sécuriser le réseau. »
Sophie N.
En regard, la stratégie allemande illustre l’importance du réseau et des importations planifiées
Réseau, importations et coopération internationale
L’Allemagne a opté pour un maillage de conduites long et des accords internationaux pour sécuriser l’offre. Selon des bilans publics, Berlin planifie près de neuf mille kilomètres de réseau souterrain accompagné d’un financement européen.
La stratégie allemande inclut également des accords d’importation avec des partenaires du Maghreb pour garantir des volumes suffisants. Selon RTE, la complémentarité entre import et production locale est un choix stratégique pertinent pour l’industrie.
Stratégies d’approvisionnement :
- Mix production locale et importations planifiées
- Contrats d’écart compensatoire pour stimuler la demande
- Normes publiques favorisant l’acier bas carbone
- Investissements en réseau financés par emprunt public
Comparaison
France
Allemagne
Implication
Réseau de distribution
~500 km existants
Projet ~9 000 km
Différence structurelle majeure
Financement réseau
Investissements ponctuels
Emprunt européen annoncé
Plan de financement structuré
Stratégie d’import
Options en discussion
50–70% d’import envisagé
Partenariats internationaux concrets
Normes industrielles
Initiatives locales
Normes pour acier bas carbone
Demande publique stimulante
« Le partenariat entre Berlin et Rabat montre la faisabilité d’importations à grande échelle. »
Marc N.
« À mon avis, la compétitivité réclame un prix de l’électricité proche de 70 euros par mégawattheure. »
Anne N.
Source : France Hydrogène, « Enjeux et perspectives », France Hydrogène, 2020 ; RTE, « La transition vers un hydrogène bas carbone 2030-2035 », RTE, 2024 ; ADEME, « Bilan des 35 écosystèmes territoriaux hydrogène », ADEME, 2023.